Depuis la nuit des temps, les plantes accompagnent l’Homme pour se nourrir et se soigner. Redécouverte aujourd’hui comme une approche préventive et naturelle de la santé, l’herboristerie s’invite dans nos quotidiens pour rééquilibrer le corps… en douceur.

Par le Dr Anne-Charlotte Sellier et Katia Longeau, herboriste et accompagnatrice des transitions en responsabilité sociétale

Depuis toujours, l’Homme utilise les plantes non seulement pour se nourrir, mais aussi pour se soigner. Des recherches archéologiques ont mis en évidence que même Néandertal faisait un usage alimentaire et thérapeutique des plantes.

Longtemps considérée comme une pratique désuète, l’herboristerie connaît aujourd’hui un regain d’intérêt, porté par la recherche d’alternatives naturelles à la médecine conventionnelle. Véritable science des plantes médicinales, elle repose sur des savoirs ancestraux transmis au fil des générations.

L’herboriste cultive, récolte, conserve et transforme les plantes aromatiques et médicinales. Il ou elle en maîtrise les méthodes d’extraction pour créer des solutions saines et naturelles. C’est dans la rencontre entre l’être humain et la plante que peut se construire — ou se rétablir — une santé durable et respectueuse de l’organisme.

  • L’herboristerie valorise l’usage global de la plante (tiges, feuilles, racines, bourgeons) pour réaliser des tisanes, poudres, teintures, onguents ou préparations culinaires. Elle s’inscrit dans une démarche de prévention, visant l’équilibre du corps dans sa globalité.
  • La phytothérapie repose sur des bases scientifiques. Elle extrait les principes actifs des plantes pour créer des formes galéniques standardisées (gélules, extraits normalisés), souvent utilisées pour traiter des troubles de santé ciblés.
  • L’aromathérapie utilise les huiles essentielles issues des plantes, en diffusion, en massage, en inhalation ou parfois par voie orale (usage délicat nécessitant des précautions). Bien employées, elles peuvent soulager certains maux ; mal utilisées, elles peuvent être toxiques.

L’herboristerie offre une approche douce et préventive. Elle vise à maintenir l’équilibre du corps et à renforcer sa résilience avant que les déséquilibres ne s’installent.

En prévention :

  • L’ortie, riche en minéraux, soutient la vitalité.
  • Le romarin, tonique général, stimule le foie.
  • L’astragale, plante adaptogène, renforce l’immunité.

En cas de petits maux :

  • Troubles digestifs : menthe poivrée ou fenouil.
  • Stress ou sommeil perturbé : mélisse, passiflore ou verveine.

Les plantes peuvent être utilisées sous différentes formes : infusion, sirop, teinture, cataplasme, bain… selon les besoins. Cette approche globale agit aussi sur les émotions. Elle invite à écouter les signaux faibles du corps pour intervenir de façon précoce et bienveillante. Une simple tisane quotidienne peut devenir un rituel apaisant, un moment de reconnexion à soi, intégré à une bonne hygiène de vie.

En France, le diplôme officiel d’herboriste a été supprimé en 1941. Aujourd’hui, les formations reconnues sont rares :

  • Un diplôme de phytothérapie avec mention herboristerie est accessible principalement aux médecins, pharmaciens ou naturopathes.
  • Des formations de conseiller en phytothérapie, ouvertes à tous, permettent de donner des conseils (sans pouvoir prescrire).

Mais chacun peut s’y mettre pour soi. Que ce soit en plantant directement des plantes médicinales dans son jardin, ou en achetant des plantes déjà cultivées chez un producteur ou vendeur spécialisé (148 plantes sont actuellement en vente libre). Nombre de livres et articles existent sur le sujet, permettant à tout un chacun de se lancer dans cette aventure d’herboristerie.

Loin de vouloir remplacer la médecine conventionnelle, l’herboristerie peut améliorer notre confort au quotidien en s’appuyant sur des savoirs éprouvés. Et les chiffres révélés par l’Insee le prouvent : les ventes d’huiles essentielles ont progressé de 47 % en France entre 2010 et 2020 !

Merci au docteur Anne-Charlotte Sellier et à Katia Longeau pour leur contribution éclairée à cet article.