Une récente étude de l'association Bloom a mis en lumière un dépassement préoccupant des normes de mercure dans des échantillons de thon en conserve.

Qu'est-ce que le mercure ?

Le mercure est un métal lourd qui peut se présenter sous plusieurs formes, certaines plus dangereuses que d'autres. Sa toxicité dépend de la forme chimique, de la façon dont on y est exposé (par ingestion, inhalation, ou contact) et de la durée de l'exposition.

Le mercure, relâché dans l'environnement principalement par les activités industrielles, l'exploitation minière et la combustion de combustibles fossiles, subit un processus de bioaccumulation dans les écosystèmes marins. Une fois dans l'eau, il se transforme en méthylmercure, une forme hautement toxique. Les petits poissons absorbent ce méthylmercure, qui est ensuite transféré aux prédateurs plus gros, comme le thon, à mesure qu'ils sont consommés. Ce phénomène entraîne des concentrations de mercure de plus en plus élevées dans les tissus des poissons au sommet de la chaîne alimentaire.

Le constat d'un dépassement des normes inquiétant

En analysant près de 150 échantillons provenant de 15 supermarchés européens, il a été constaté qu'environ 10 % des boîtes de thon contenaient des niveaux de mercure supérieurs à la norme de 1 milligramme par kilo (mg/kg) fixée par l'Union européenne via l'EFSA (autorité européenne de sécurité des aliments). Les résultats de l'étude montrent par ailleurs que certains types de thon, comme le thon rouge et le thon albacore, sont particulièrement touchés par cette contamination.Cette situation interpelle non seulement sur la sécurité alimentaire, mais aussi sur des enjeux plus larges liés à la santé environnementale.

Pour les consommateurs humains, cela signifie un risque accru d'exposition à des niveaux dangereux de mercure, ce qui peut entraîner de graves problèmes de santé. De plus, cette bioaccumulation perturbe les écosystèmes marins, affectant la biodiversité et la durabilité des ressources halieutiques.

Un enjeu de santé publique

Selon une étude de Santé Publique France publiée en juillet 2021, il est particulièrement inquiétant pour la santé des groupes vulnérables, comme les femmes enceintes et les jeunes enfants. L'exposition au mercure organique, notamment au méthylmercure, peut causer des problèmes neurologiques graves, comme des troubles de la vision, des problèmes d'élocution et des difficultés d'apprentissage chez les enfants. De plus, le méthylmercure est classé comme cancérogène potentiel, surtout en lien avec le cancer du rein.

Déficits cognitifs : une étude menée par le Harvard School of Public Health en 2016 a établi un lien entre des niveaux élevés de mercure dans le sang maternel et les performances intellectuelles chez les enfants avec une diminution significative des scores de QI. Les enfants exposés au mercure in utero sont davantage exposés à des retards dans leur développement cognitif, influant sur leurs capacités d'apprentissage tout au long de leur vie.

Troubles de la coordination : selon l'Organisation Mondiale de la Santé , l'exposition au méthylmercure est corrélée à des troubles de la coordination motrice. Cela peut se traduire par des difficultés à réaliser des mouvements précis, posant des défis tant pour le développement moteur des enfants que pour leur intégration sociale et scolaire.

Comportement et émotion : une étude publiée dans le Journal of Pediatrics en 2018 a révélé que l'exposition au mercure in utero était associée à des problèmes comportementaux chez les enfants tels que l'hyperactivité ou troubles d'anxiété, avec un impact donc sur la vie sociale et l'apprentissage.

Informer le grand public en guise de prévention

Il est essentiel d'informer le public de cet enjeu de contamination du thon, et plus largement des poissons prédateurs afin que chacun puisse raisonner sa consommation et diminuer son exposition, notamment pour les populations à risques. La mise en place de normes plus strictes pour le thon ont été réclamées par les associations de plaidoyer et de défense de l'environnement afin de préserver l'homme au sommet de la chaîne alimentaire.